Nous, soussignées organisations de la société civile africaine, représentons les personnes et les communautés de toute la région africaine – femmes, enfants, agriculteurs, familles, personnes âgées, travailleurs, ouvriers et surtout ceux qui sont en première ligne de la crise climatique. Nous vous écrivons en raison de la confusion qui règne en ce moment autours des urgences climatiques, sanitaires et économiques. Nous vous écrivons  aussi pour vous demander de prendre des mesures qui peuvent aider notre région à prospérer et pour vous demander d’être un leader dans la concrétisation de cette vision audacieuse mais nécessaire.

En 2019, à l’Assemblée générale des Nations Unies, des militants du monde entier ont appelé les dirigeants mondiaux à agir pour tenir pour responsables les industries et  entreprises qui ont sciemment alimenté et continuent d’aggraver la crise climatique. Depuis lors, plus de 220 organisations et 199 000 personnes de près de 70 pays – dont beaucoup à travers l’Afrique – ont fait écho à cet appel. Les industries qui ont alimenté la crise climatique, financé le déni du climat et bloqué le progrès climatique juste pendant des décennies doivent payer pour les dommages qu’elles ont causés. Les tenir responsables signifie s’assurer qu’ils sont tenus sur le plan pénal et financier responsables, et qu’ils sont obligés de mettre fin aux pratiques qui ont provoqué cette crise en premier lieu.

Alors que nous sommes au milieu du combat de nos vies, les industries polluantes comme l’industrie des combustibles fossiles et l’agroalimentaire se préparent à une expansion encore plus insidieuse. L’industrie des combustibles fossiles, par exemple, a l’intention de produire deux fois plus de combustibles fossiles d’ici 2030 que ce qui est recommandé pour maintenir l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius.[i]

Ces entreprises polluantes sont les principales responsables de l’urgence climatique qui contribue à la sécheresse et à la famine généralisées dans toute la région et, à bien des égards, elles sont également responsables des crises à multiples facettes que nous subissons.

Pendant des décennies, ces sociétés transnationales nous ont trompé sur les conséquences de leurs produits et de leurs pratiques commerciales, ont exploité nos communautés, se sont emparées de nos terres et nos ressources et ont pris le contrôle de nos systèmes alimentaires – tout cela dans leur propre intérêt. Elles nous ont laissés exposer et mal équipés pour les multiples crises. Il est temps pour qu’elles soient tenues responsables, sur les plans pénal, financier et civil.